Chroniques sur les Pixies : Bossanova
[Page Principale|
Index de la Section en Français|
Section en Espagnol]
[Articles|
Chroniques|
Informations]
Les Pixies étaient inclassables, indomptables, fous et tapageurs.
Après quatre albums, soit on s'est habitués à leurs
humeurs grinçantes, soit ils se sont calmés, mais on entre
dans ce Bossanova sans aucune difficulté, et l'effet de
surprise en moins, reste le plaisir immédiat : quatorze morceaux et
pas un à jeter. Malgré le titre latino, Black Francis semble
cette fois avoir davantage décliné ses racines
nord-américaines. Il attaque côté farwest,
épopée fantastique, par un instru de facture classique,
baptisé "Cecilia Ann"
(un nom à la 4AD pour un morceau bien loin des fumigènes
Cocteau Twins). Retour au larsen ensuite avec "Rock Music", bref orage
magnétique à tentation hardcore, qui conserve, en plus sale,
l'aspect grosse cavalerie du premier mais nous replonge derechef dans
l'univers pixien avec son chant crié, jappements domestiques venant de
très loin vers l'aigu (une tendance en voie de disparition).
"Velouria" fait la transition entre les albums précédents et
celui-ci. C'est le maxi mais aussi la chanson parfaite, alliant le bruit
subtil et la rythmique marteau à une mélodie limpide et
accrocheuse. L'album se découpe ensuite en une alternance de ballade
légères ("Ana", "Havalina"...) et de morceaux plus
énervés ("Allison", "Hangwire") avec ici et là un titre
plus déstructuré ("Is she weid"). Moins de dissonances, moins
de rebondissements, les bostoniens suivent leur inspiration mais avec plus
de calme et de bonhommie. Le sentiment d'urgence a disparu au profit d'une
ambiance plus sereine qui a sans doute pour nom maturité. Tous les
éléments ayant contribué à bâtir leur
réputation sont réunis mais utilisés différemment :
la basse est plus discrète, les guitares plus douces, les tempos plus
enjoués, le son plus clair, Black Francis épure son chant
(pas encore crooner pour autant) tandis que Kim Deal se livre à des
choeurs beaucoup plus traditionnels (une sous-utilisation qui explique
peut-être la naissance des Breeders). Bref l'ensemble donne beaucoup
moins déjanté que par le passé mais gagne en
solidité. Les Pixies semblent avoir travaillé autant sur les
compositions que sur le son et les enchaînements
("Ana"/"All Over the World", "Hang Wire"/"Stormy Weather"). C'est
carré, sans doute moins aventureux qu'un "Doolittle", mais "Bossanova"
présente d'autres atouts et le charme des Pixies reste entier.
Plus direct et plus facile d'accès, il devrait convaincre les
hésitants sans décevoir les fans de la première heure.
E.D.
Site créé par
Jean-Michel Biel et
Christophe Gourraud
Dernière mise à jour le 13 janvier 1998