Chroniques Diverses sur les Pixies
[Page Principale|
Index de la Section en Français|
Section en Espagnol]
[Articles|
Chroniques|
Informations]
Si l'on admet que la ferronnerie d'art est aussi un commerce alors les Pixies
font des tubes. Pas de ces gros tuyaux percés, moulés à la
chaîne, calibrés pour les chaînes. Black Francis lui fait
dans le consommable pernicieux, dans le nickel en trompe-l'oeil et
l'évidence à tiroirs. Chacune de ses compositions est un single
potentiel, une ruade intense prête à braver des concurrents
distancés depuis 3 albums déjà. En attendant la
livraison automnale en voici les scories et prémisces, soit quatre
titres vigoureux, loin des restes accomodants inhérents au format
bâtard du maxi-préambule, plus loin encore d'un coup-faim
trop salé. En moins de temps qu'il n'en faut pour le dire, les Pixies
nous mijotent un plat de résistance où rien ne manque. Ni
leurs guitares acerbes, ni cette voix grinçante, ni des basses en
colonnes (Miss Kim "Breeders" Deal) sur des bases mouvantes. Quand au titre
phare : chapeau ! En plein Velvet revival les Bostoniens accouchent d'un
"Velouria" définitif. Le pied de nez aux bons écoliers est
violent. Eux n'ont qu'à être naturels pour tutoyer les
légendes et se hisser au niveau du feu sacré. Rois d'un
mid-tempo contenu les Pixies refondent le rock'n roll en une matière
lascive et vénéneuse. Comme un précédent "Here
Comes Your Man" (celui que l'Underground attend depuis juillet 66) , "Velouria"
couine dans le sens inverse du poil en un habile équilibre de soie et
de bure. Hüsker Dü meets The Smiths. Le disque passe les tours
préliminaires haut la main : l'album devrait être le chef
d'oeuvre escompté.
J.L.M.
Tout, sauf arrondir les angles. D'autres s'émoussent sous les caresses
chattemites de la gloire, mais Black Francis n'est visiblement pas
homme à se laisser amadouer, voire détourner, par l'aisance d'une
relative notoriété. Pire, il fait le gros dos. Si "Here Comes
Your Man" ou "Velouria" nous avaient habitués à des maxis
tranchants mais profilés, "Planet of Sound" s'avère
d'entrée un disque difficile, comme un kill poker à trois
protagonistes. Lou Reed et Alan Vega à la roulette. La pureté
métallique du son arbitre un horizon oxydé, un ciel bas et
menaçant. Et ce n'est pas la mélancolie acidulée de
"Evil Hearted You" qui atténuera un malaise latent.
Courts, acérés, les quatre titres présents cultivent un
bouquet d'exclamations épineuses en huit clos, allument une fuite de
grisou dans leur galerie balisée. Fort. Dézingué.
Les Pixies restent un groupe d'embuscades, et c'est comme ça qu'on
les aime.
J.L.M.
Site créé par
Jean-Michel Biel et
Christophe Gourraud
Dernière mise à jour le 20 janvier 1998