Pixies

Chroniques sur les Pixies : Doolittle


[Page Principale| Index de la Section en Français| Section en Espagnol]
[Articles| Chroniques| Informations]

Doolittle

THE PIXIES
Doolittle
Par José Guerreiro
Rock'n Folk, 1989
Saisi par C. Gourraud pour
Alec Eiffel



Je n'irai pas par quatre chemins: tout le monde devrait les aimer. Les amateurs de MC5 ou Plasmatics comme ceux plus friands des B 52's ou de Peter, Paul, And Mary, mais également tous les autres. Parce que Black Francis, songwriter de génie, est un joueur subversif qui transcende Iggy Pop, David Thomas (Père Ubu), Lou Reed and many more en les faisant entrer en collision. Si les Pixies étaient un groupe comme les autres, ce troisième album (deuxième et demi, en fait) serait celui de la maturité. Mais les Pixies ne ressemblent ê rien ni a personne. Ils s'amusent comme des petits diables, mariant tout dans une mixture hautement addictive: le solide et le fluide, l'émerveillement et la terreur, Tom&Jerry et le Yeti. Avec un son de guitare inédit, mélange subtil de larsen et de feedback, et la magie des miroirs déformants comme griffes personnelles. Aux manettes, Gil Norton a succedé à Steve Albini (déjanté hardcore notoire) et, comme l'illustre "Debaser" d'entrée de jeu, le son s'en retrouve du coup plus offensif et compact (pas seulement agressif) que sur le précédent "Surfer Rosa", chef-d'oeuvre de brutalité et de béatitude squattant le Top 10 indie depuis plus d'un an. Côté lyrics, on peut penser que Black Francis partage l'opinion de Mao qui disait qu'une image vaut bien dix mille mots tant "This Monkey Gone To Heaven", "I Bleed", "Wave Of Mutilation" et les autres projettent des visions qui adhèrent sérieusement au subconscient. Dans un monde parfait, "Here Comes Your Man" (écrit à l'age de quinze ans, dixit son auteur), romance californienne assaisonnée à la guitare Shadows-isante, serait le tube de l'été trois années de suite. Dans un monde parfait, l'arsenic de "Dead", l'hystérie orgasmique de "Tame" ou la tristesse abyssale de "Hey" inonderaient la planète de leur beauté dangereuse. Dans un monde parfait, on saurait que les Pixies sont les meilleurs. Un groupe au dessus du rock et de ses cloisonnements poussiereux. Pour preuve, ces quinze titres extraordinaires passés au scanner sexuel.
J.G.
Doolittle

THE PIXIES
Doolittle
Par Alexis Bernier
Rock&Folk : 300 Disques Incontournables 1965-1995
Saisi par C. Gourraud pour
Alec Eiffel



"Doolittle" ou l'album alternatif imparable par excellence, réussite majeure en 15 titres, 15 tubes, d'un groupe qui avait tout pour devenir énorme. "Doolittle", le disque crossover idéal de toute la famille rock, capable de réconcilier à lui seul les parents quadra en pleine crise de nostalgie surf musique, le grand frère pop anglaise, sa copine girl-just-want-to-have-fun et le petit dernier teigneux, amateur de hardcore surpuissant. A la fin des années 80, la folie Pixies s'est répandue comme une trainée de poudre. "Surfer Rosa", premier opus sorti de nulle part, avait suffi à les mettre sur orbite college radio, ce deuxième les enverra directement marcher sur la lune. Ces quatres bostoniens, menés à la baguette par leur leader bibendum Black Francis, pas démocrate pour deux sous, térrassèrent le monde en un rien de temps. Et pour cause: on n'avait pas entendu un tel sens de l'évidence mélodique depuis les Beach Boys débutants. Avec les Pixies tout est simple, clair comme de l'eau de roche. Des chansons idiotes racontent des histoires abracadabrantes de science-fiction 50's, trous dans le ciel et numérologie mystique, refrains épatants que l'on sifflote en voiture, sourire aux lèvres et autoradio à fond pour mieux profiter des accélérations terrassantes qui secouent sans crier gare le corps de ces pièces d'orfèvrerie musicale. De la power pop pied au plancher et totalement décomplexée qui se fout bien de savoir où elle va tant qu'elle prend son pied. Black Francis hurle dans son micro, hystérique mais jamais hargneux, la guitare amphétaminée et cristalline de Joey Santiago décolle au moindre riff et la basse chaloupée de Kim Deal, encore aux ordres de son tyrannique mentor, enveloppe le tout. Des hymnes simples et efficaces de deux minutes trente pas plus, dont la parfaite expression est certainement ce "Monkey Gone To Heaven" qui fit fortune. Avec de pareils titres, les Pixies pouvaient tout espérer, les stades, l'argent et la crédibilité rock en sus. Pourtant rien de ceci n'arriva. A force de mauvaise grâce et d'obsession dictatoriale, l'egomaniaque talentueux mais trop prétentieux Black Francis finit par emmerder tout le monde, a commencé par son groupe lui-même qui perdit au passage insouciance et légèreté. "Bossanova" l'album suivant, porteur de tous les espoirs, n'aura déjà plus la grâce, et la fusée Pixies explosera en plein vol apres un dernier "Trompe Le Monde".
A.B.
page principale Site créé par Jean-Michel Biel et Christophe Gourraud

Dernière mise à jour le 21 janvier 1998