Pixies

Chroniques : Trompe Le Monde


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THE PIXIES
Trompe Le Monde
Par Ian Holchaker
Best #279, Octobre 1991
Saisi par J.M. Biel pour
Alec Eiffel



Gros lard ! Barrique ! Salopard Yankee ! Outre farcie au burger ! Faire triquer une greluche, un métèque et une manière de Garfunkel, passe encore, mais qu'est-ce qui t'a pris de commettre CA ? Cette monstruosité polycéphale. A côté de laquelle la moindre enfant mercurisée de Minamata aurait la grâce d'une Bacall... Et les autres, dans l'histoire ? Jim Reid, viande molle des Jesus et Mary Cochon : la tête dans le caniveau... la tripaille à l'air... la jambe implorant grâce. Sur la table, une collection de scalps filasses et graisseux : la moitié des trashers de la Bay Area... Dans les bocaux à formol, estampillés avec un soin d'apothicaire, des mains... des boudins de phalanges : Link Wray, Williamson, Belew, Partridge... Le reste a été greffé sur Joey Santiago, pour guider une frappe aussi chirurgicale qu'à Bagdad... Tiens, un brontosaure femelle empaillé : Suzy Quattro ou Marc Bolan... Sur la table à dissection, un pied à coulisse et la cervelle de Van Vliet (Beefheart pour les intimes) qui coule comme de l'asphalte... "Alec Eiffel", combien de divisions ? Cent vingt idées minute. Je croyais que les américaines roulaient moins vite. Mais vous êtes combien à partouzer dans ce crâne ? Tous assez dégueulasses pour forcer Joan Jett et Ivy Cramps à d'infàmes gouineries gores dans votre "Palace of the Brine"... La musique du grand carnage organisé fait-elle croire à l'espace ? Les petits hommes sont-ils verts ? Dieu est-il gros ? Le Largactyl est-il déconseillé au soleil ? Incohérent ? Evidemment. Le moindre postillon de Black Francis, l'homme-éponge, suffirait à remplir la moitié de ce baveux. Non, non, et non, les Pixies ne sont pas le meilleur groupe de rock au monde. Ils sont simplement le SEUL ! Le seul à charrier cette violence tutélaire et essentielle, à offrir aux regards un écorché tangible de leurs propres pantalonnades sans se déshabiller d'un poil. Leur musique a du corps sans avoir de sexe, là où tant d'autres feignent de proposer exclusivement l'un ou l'autre ou aucun des deux. Renvoyant les bûcherons à leurs tronçonneuses, les madonnes à leur trottoir et les intellos par procuration à leur fascination des tinettes, la Black Francis Co vitrifie ce début de décennie. Le XXIème siécle sera gros ou ne sera pas.
I.H.
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THE PIXIES
Trompe Le Monde
Par José Guerreiro
Rock'n Folk, 1991
Saisi par C. Gourraud pour
Alec Eiffel



Le quatrième CD des Pixies vise le plexus et les gonades - comme tout bon disque de musique de jeunes. En plus, il excite l'iris (il vous en met plein la vue) - comme tout bon disque de musique tout court. Je sais, c'est pas drôle: y'a pas de concurrence. C'est comme ca, il ne nous reste quasiment qu'un grand groupe de rock tout-terrain alors pensez si on s'accroche. Bon allez, du nerf, là! Prêt pour le rodeo inter-galactique? Tiens, prends moi ces changements d'accords mercuriels dans la face et bois donc de cette adrénaline qui s'écoule des cables, pour commencer. Mais oui, c'est bon! Comme d'habitude, Charles (Black Francis) demonte les chansons pour voir comment c'est fait dedans et les re-assemble les yeux bandés, histoire de rigoler un peu. Sacré Charles! Un rien l'amuse, en fait: le ciel, l'anatomie, l'électricité, Johnny Rotten, The Fall etc. Si, The Fall aussi. Qui plus est, en parfait américain, il puise toujours une bonne partie de son inspiration dans les séries SF des 60's, les grincements de dents des prédicateurs sataniques et les socquettes de pom-pom girls. De même, à l'instar de Twin Peaks, les lutins ne faiblissent que trente secondes, par-ci par-là (trente secondes étant l'équivalent d'un quart de morceau en langage Pixies). On est d'accord, ils sont aussi glamour que des épluchures de patates et parfaitement inutiles sur scène mais leur musique a du style (répétons ensemble: du style - mot clé de la chronique) et s'avère indispensable dans les moments creux. En tout cas, avec eux, pas de risques, on n'a jamais affaire à des révolutionnaires d'operette ni à des donneurs de leçons à peine sevrés. Pas leur genre.
J.G.
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Dernière mise à jour le 20 janvier 1998