Chroniques : Trompe Le Monde
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Gros lard ! Barrique ! Salopard Yankee ! Outre farcie au burger ! Faire triquer
une greluche, un métèque et une manière de Garfunkel,
passe encore, mais qu'est-ce qui t'a pris de commettre CA ? Cette
monstruosité polycéphale. A côté de laquelle la
moindre enfant mercurisée de Minamata aurait la grâce d'une
Bacall... Et les autres, dans l'histoire ? Jim Reid, viande molle des Jesus
et Mary Cochon : la tête dans le caniveau... la tripaille à
l'air... la jambe implorant grâce. Sur la table, une collection de
scalps filasses et graisseux : la moitié des trashers de la Bay Area...
Dans les bocaux à formol, estampillés avec un soin d'apothicaire,
des mains... des boudins de phalanges : Link Wray, Williamson, Belew,
Partridge... Le reste a été greffé sur Joey Santiago, pour
guider une frappe aussi chirurgicale qu'à Bagdad... Tiens, un
brontosaure femelle empaillé : Suzy Quattro ou Marc Bolan... Sur la
table à dissection, un pied à coulisse et la cervelle de
Van Vliet (Beefheart pour les intimes) qui coule comme de l'asphalte...
"Alec Eiffel", combien de divisions ? Cent vingt idées minute. Je
croyais que les américaines roulaient moins vite. Mais vous êtes
combien à partouzer dans ce crâne ? Tous assez dégueulasses
pour forcer Joan Jett et Ivy Cramps à d'infàmes gouineries gores
dans votre "Palace of the Brine"... La musique du grand carnage organisé
fait-elle croire à l'espace ? Les petits hommes sont-ils verts ?
Dieu est-il gros ? Le Largactyl est-il déconseillé au soleil ?
Incohérent ? Evidemment. Le moindre postillon de Black Francis,
l'homme-éponge, suffirait à remplir la moitié de ce
baveux. Non, non, et non, les Pixies ne sont pas le meilleur groupe de rock
au monde. Ils sont simplement le SEUL ! Le seul à charrier cette
violence tutélaire et essentielle, à offrir aux regards un
écorché tangible de leurs propres pantalonnades sans se
déshabiller d'un poil. Leur musique a du corps sans avoir de sexe,
là où tant d'autres feignent de proposer exclusivement l'un
ou l'autre ou aucun des deux. Renvoyant les bûcherons à leurs
tronçonneuses, les madonnes à leur trottoir et les intellos
par procuration à leur fascination des tinettes, la Black Francis
Co vitrifie ce début de décennie. Le XXIème siécle
sera gros ou ne sera pas.
I.H.
Le quatrième CD des Pixies vise le plexus et les gonades - comme tout
bon disque de musique de jeunes. En plus, il excite l'iris (il vous en met
plein la vue) - comme tout bon disque de musique tout court. Je sais, c'est
pas drôle: y'a pas de concurrence. C'est comme ca, il ne nous reste
quasiment qu'un grand groupe de rock tout-terrain alors pensez si on
s'accroche. Bon allez, du nerf, là! Prêt pour le rodeo
inter-galactique? Tiens, prends moi ces changements d'accords mercuriels dans
la face et bois donc de cette adrénaline qui s'écoule des
cables, pour commencer. Mais oui, c'est bon! Comme d'habitude, Charles
(Black Francis) demonte les chansons pour voir comment c'est fait dedans et
les re-assemble les yeux bandés, histoire de rigoler un peu.
Sacré Charles! Un rien l'amuse, en fait: le ciel, l'anatomie,
l'électricité, Johnny Rotten, The Fall etc. Si, The Fall aussi.
Qui plus est, en parfait américain, il puise toujours une bonne partie
de son inspiration dans les séries SF des 60's, les grincements de
dents des prédicateurs sataniques et les socquettes de pom-pom girls.
De même, à l'instar de Twin Peaks, les lutins ne faiblissent que
trente secondes, par-ci par-là (trente secondes étant
l'équivalent d'un quart de morceau en langage Pixies). On est d'accord,
ils sont aussi glamour que des épluchures de patates et parfaitement
inutiles sur scène mais leur musique a du style (répétons
ensemble: du style - mot clé de la chronique) et s'avère
indispensable dans les moments creux. En tout cas, avec eux, pas de risques,
on n'a jamais affaire à des révolutionnaires d'operette ni
à des donneurs de leçons à peine sevrés.
Pas leur genre.
J.G.
Site créé par
Jean-Michel Biel et
Christophe Gourraud
Dernière mise à jour le 20 janvier 1998